8 Avril 2014
La conférence "Innovations RH" s’est tenue le 25 mars dernier à l’École 42 de Xavier Niels. À l’heure des grands bouleversements numériques où l’on parle d’ "e-learning", de "gamification", de "mobile" ou encore "’e-réputation", quelle est la place de la fonction RH ? Plus que jamais, elle doit s’adapter au changement et en tirer parti pour aller au-delà des process.
La révolution numérique est en marche, c’est un fait indéniable. Au cœur de cette mutation se situe la place de l’information. « Regardez vos datas, lance Jean-Luc Moisan, directeur avant-vente de Technomedia. Le Big Data nous permet non seulement de quantifier les données, mais surtout d’en tirer de la valeur. »
Aujourd’hui, ce sont quelque 160 millions de dossiers employés qui sont accessibles dans le nuage et qui permettent d’analyser 10 ans d’engagement et de performance. « À nous de savoir les comprendre, en travaillant conjointement avec informaticiens et psychologues. Quant au cadre, il est bien sûr directement concerné par cette mutation », reprend Jean-Luc Moisan. Le cadre d’aujourd’hui est celui qui sait utiliser la connaissance dans la masse d’information. Fini le temps où il était seul à détenir le savoir. Aujourd’hui, l’information est partout, notamment au sein des équipes. Ce nouveau paradigme impose de repenser les pratiques managériales pour proposer des modèles basés sur le "brainstorm" et l’intelligence collective, donc le travail en équipe.
L’accès au savoir concerne également les apprenants qui peuvent se procurer quantité de contenus de manière gratuite avec Wikipédia ou Slideshare. Le monde de la formation change profondément : « On va vers un apprentissage social, qu’on pourrait nommer "coapprentissage" ou encore "collaboration", autant de "co" qui nous permettent de sortir de l’isolement et de partager ensemble une expérience », souligne Frank Perrier, fondateur de la Digital Academy d’Idaos. Comment ? En misant sur les MOOC (Massive Online Open Courses), en proposant de vivre l’expérience à travers des dispositifs événementiels ou encore en construisant des programmes personnalisés basés sur le "quantified-self". Cependant, pour travailler correctement en équipe, encore faut-il pouvoir recruter les bons talents, des profils créatifs et dynamiques qui auront ces "soft skills", ces compétences si difficiles à mesurer dans les process classiques de recrutement. « L’offre d’emploi doit donc être repensée, en créant une communauté de candidats en amont, et en mettant en œuvre un dispositif de conversation 2.0, notamment grâce aux réseaux sociaux », explique Olivier Fécherolle, directeur général stratégie et développement de Viadeo. Une conversation avec le candidat, mais aussi avec le consommateur ! Il s’agit alors de mettre en place une stratégie d’e-réputation, basée sur le storytelling, « et non plus simplement de gérer les situations de crise », continue Frank Perrier.
Au quotidien, le mobile devient omniprésent. Mais dans les RH, pense-t-on à proposer une expérience mobile ? Olivier Fécherolle soulève un enjeu qu’il juge crucial dans les années à venir, notamment « parce qu’en 2014, on prévoit de vendre deux fois plus de tablettes que de PC ». L’usage des smartphones transforme profondément les comportements et fait naître, avec l’essor des jeux vidéo, de nouveaux concepts comme celui de la "gamification" qui consiste à créer des modèles éducatifs basés sur le jeu. « Les Anglo-saxons n’ont pas peur de le dire, le "design for happiness at work" permet de booster l’expérience des collaborateurs », continue David Guillocheau, directeur associé de Talentys. Un terrain déjà largement exploré par les start-ups, mais très peu encore par les grandes entreprises.
Sophie Comte
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