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7 Juin 2011

Portrait-robot du manager de demain

 

Le monde de l'entreprise est en perpétuelle mutation. Les nouvelles innovations technologiques, la montée en puissance de nouveaux consommateurs ou les évolutions démographiques font que la vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain.

Les époques changent... et les managers aussi. Confronté à un environnement qui se modifie, le manager doit faire preuve d'une formidable capacité d'adaptation, alors que lui-même évolue et ne désire pas toujours les mêmes choses. Compétences techniques, envies personnelles ou qualitésrelationnelles, découvrez les différentes facettes des chefs d'équipe de demain.

 

Individualiste dans la gestion de sa carrière

Terminées les longues carrières au sein d'une même entreprise. A la différence de leurs prédécesseurs, les managers de demain auront souvent des envies d'ailleurs. Si cette bougeotte est, aujourd'hui, surtout le fait des jeunes profils, elle s'étendra bientôt à toutes les tranches d'âges.

"Le manager de demain sera beaucoup moins attaché à l'entreprise et à ses valeurs, ajoute Laëtitia Lethielleux, qui a coordonné "Le manager de demain" aux éditions Lextenso. Ces valeurs sont d'ailleurs de plus en plus difficiles à différencier, tant les entreprises ont tendance à adopter le même discours". Cette individualisation de la carrière trouve aussi son origine dans la flexibilisation du monde du travail. "Les taux de turn-over croissants sont une conséquence directe de l'assouplissement du droit du travail, explique Laëtitia Lethielleux. Si les entreprises peuvent se séparer plus facilement d'un collaborateur, celui-ci est, lui aussi, plus libre de ses mouvements."

Fin psychologue

Grande réforme de l'éducation nationale dans les années 2000, l'apparition du cursus LMD est l'une des causes directes, avec l'amélioration du niveau de vie, de la qualification de plus en plus importante des salariés. Ils sont aujourd'hui nombreux à avoir un niveau bac +5. "Qui dit compétences enrichies dit exigences accrues, prévient Laëtitia Lethielleux. Les salariés attendront de leur manager des tâches intéressantes dans le cadre de leur quotidien."

De plus en plus, un contrat moral, passé entre le manager et ses équipes, se substituera au contrat écrit traditionnel. Le besoin de reconnaissance et d'épanouissement personnel viendront s'ajouter aux exigences classiques de rémunération et d'avantages sociaux. Le manager de demain aura donc intérêt à être fin psychologue pour garder intacte la motivation de collaborateurs toujours plus exigeants.

Tampon entre sa hiérarchie et ses équipes

La proximité sera l'un des maîtres mots du manager de demain. Les chefs concentrés sur le seul aspect technique ou qui préfèrent garder leurs distances avec leurs équipes n'auront plus la cote. L'actualité de ses dernières années nous l'a montré, au sein d'un climat social considérablement dégradé, le manager devra apprendre à canaliser la pression établie par sa hiérarchie pour la distiller de manière moins directe à ses équipes.

Il sera, de plus en plus, amené à faire des ressources humaines et prêter une oreille attentive. "Pour concilier les exigences de rentabilité de sa hiérarchie et le bien-être de ses équipes, il jouera le rôle de tampon, concède Laëtitia Lethielleux. Il devra apprendre à se mettre à la place des autres et à comprendre leurs inquiétudes et leurs attentes." C'est grâce à son empathie qu'il pourra les protéger et jouer pleinement son rôle de manager.

Engagé aux niveaux social et environnemental

Depuis quelques années déjà, la responsabilité sociale et environnementale a le vent en poupe au sein des entreprises. Que ce soit par profonde conviction ou pour se donner une bonne image, elles  font de plus en plus attention aux progrès qui peuvent être faits en matière de déplacements professionnels ou d'utilisation des équipements informatiques.

Pour tordre le cou au refrain "faites ce que je dis et pas ce que je fais", les managers devront donc apprendre à donner l'exemple. "Même s'ils ne sont pas particulièrement convaincus, ils devront s'y mettre s'ils veulent faire passer leur message", prévient Laëtitia Lethielleux. Cela signifiera trier ses déchets, vérifier que les lumières sont bien éteintes en partant ou diminuer sa consommation de papier. Autant de petits gestes écologiques qui prouveront la prise de conscience de sa responsabilité environnementale.

Chef de projet dans l'âme

Pour pouvoir rivaliser avec la concurrence amenée par la mondialisation des marchés, les entreprises de toutes les tailles devront s'ouvrir à des stratégies jusqu'alors utilisées par les seuls grands groupes. Parmi elles, l'externalisation des activités peu rentables ou mal maîtrisées. Un revirement stratégique qui aura des incidences sur le quotidien de chaque chef d'équipe.

"A l'instar d'un chef de projet, le manager de demain traitera de plus en plus avec des prestataires externes et négociera en direct avec ses clients", analyse Laëtitia Lethielleux. Véritable architecte d'intérieur, il devra définir avec précision le périmètre de ce qui peut être externalisé et ce qui ne peut l'être pour des raisons de qualité ou de stratégie et contribuer au décloisonnement des métiers.  Chaque manager devient ainsi un spécialiste polyvalent

À la tête d'équipes hétérogènes

L'allongement de la durée du travail ou la globalisation effrénée du marché du travail vont contribuer à rendre le monde de l'entreprise plus hétérogène. Les collaborateurs d'un même manager vont devenir de plus en plus dissemblables et celui-ci devra apprendre à les faire collaborer.

Si cette diversité d'âge, de sexe, d'origine ethnique ou de religion fait la richesse d'une entreprise, elle en fait aussi sa complexité. Tout manager devra savoir jongler entre les préoccupations de chacun et satisfaire les exigences du plus grand nombre. Un véritable défi pour des profils jusque-là habituées à travailler avec leurs semblables.

Tourné vers l'international

L'Inde, la Chine et le Brésil représentent plus de 40 % de la population mondiale, une proportion qui ne cesse de croître. Au cours de ces dernières années, ces pays dits émergents se sont peu à peu élevés au rang de puissances exportatrices mais aussi de véritables bassins de consommation.

Les entreprises françaises, qui multiplient les échanges commerciaux avec elles, auront besoin de profils tournés vers l'international pour pouvoir poursuivre leurs activités exportatrices. En plus de l'anglais, bientôt incontournable, les managers de demain auront donc tout intérêt à maîtriser au moins une langue "rare" parmi lesquelles le chinois, l'hindi ou le portugais. Parier l'une de ces langues sera un gage de succès.

Incontournable sur les réseaux sociaux

Le manager de demain aura une gestion plus individualiste de sa carrière. Cette exigence se reflètera aussi dans l'importance de son activité professionnelle en dehors des murs de l'entreprise, par le prisme d'Internet notamment.

Avec l'essor des réseaux sociaux professionnels, les relations d'affaires se virtualisent progressivement. Tous les outils pour assurer une veille professionnelle mais aussi pour développer son e-réputation seront incontournables. A tel point que ne pas être présent en ligne devient presque inconcevable. On ne dira bientôt plus "j'ai rencontré untel à un forum d'experts" mais "j'ai rencontré untel sur un forum d'experts". Attention toutefois : ce personal branding ne sera efficace que s'il existe un réel intérêt pour le sujet qui anime la communauté et s'il donne naissance à un véritable un échange. Toute relation, aussi virtuelle soit-elle, s'inscrit dans la durée.

À l'épreuve du stress

Parce qu'il va opérer dans un environnement toujours plus compétitif, le manager de demain devra avoir des nerfs solides pour pouvoir jongler entre les états d'âmes de ses collaborateurs et la pression que lui mettra sa hiérarchie.

Bientôt la seule compétence technique ne suffira pas à devenir un bon manager. Que ce soit dans une période de rush ou lorsqu'il doit insuffler un changement à son équipe, le stress sera le quotidien du manager. Pour qu'il ne soit pas paralysant mais au contraire un moteur important, il faudra apprendre à composer avec. Cela signifie savoir relativiser un quotidien professionnel éreintant et prendre sur soi-même. Quoiqu'il en soit, il ne fait guère de doute que le manager de demain devra être à l'épreuve du stress.

À la recherche d'un équilibre entre vie privée et vie professionnelle

Si le manager d'hier donnait la part belle à sa carrière, il aura de plus en plus à cœur de trouver un juste équilibre entre ses vies personnelle et professionnelle. La gestion de sa carrière ne se fera plus seulement à l'aune de la rémunération et des responsabilités proposées. Un changement de paradigme qui n'est pas sans lien avec un phénomène générationnel.

"Ce sont surtout les enfants de baby-boomers qui sont concernés, note ainsi Laëtitia Lethielleux. Ils ont vu leurs parents remerciés sans beaucoup de ménagement à la fin de leur carrière et relativisent quelque peu la place du travail dans leur vie". S'ils ont envie de réussir leur carrière, ils ne sont pas pour autant prêts à consentir des sacrifices trop coûteux. "De telles aspirations concernent aussi bien les femmes que les hommes, précise Laëtitia Lethielleux. L'essor du congé de paternité traduit bien la volonté de ces derniers de s'investir davantage dans l'éducation de leurs enfants."

Pour consulter l'article : http://www.journaldunet.com/management/efficacitepersonnelle/manager-de-dem