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23 Juillet 2013

Environnement : les compétences les plus recherchées par les entreprises

 

D'après l'enquête Génération 2007 menée par le centre d'études et de recherche sur les qualifications (Céreq), le secteur de l'énergie est le premier recruteur de jeunes ayant suivi une formation supérieure initiale en environnement, quel que soit le niveau d'étude supérieure. Cette étude, menée en 2010 auprès de 9.000 diplômés en 2007, sera actualisée en 2014 et se penchera cette fois-ci sur la Génération 2013. Mais le Commissariat général au développement durable (CGDD), qui publie une synthèse de cette étude, donne de premières tendances pour l'année 2013 et l'avenir : l'énergie, l'hygiène santé sécurité environnement (HSSE) et la prévention des pollutions et des risques constituent les secteurs les plus pourvoyeurs d'emplois, bien loin devant les métiers de la nature.

"De façon générale, les résultats globaux de cette enquête tendent à montrer que les perspectives professionnelles sont plus liées au type de domaine environnemental choisi (énergie, HSSE…) qu'au niveau précis d'étude", observe le CGDD. La licence professionnelle favoriserait néanmoins l'emploi pour la moitié des formations : prévention et réduction des pollutions, protection de la nature, HSSE.

Mais, tient à nuancer le CGDD, "l'essentiel des fonctions qui nécessitent des compétences environnementales se situe dans des métiers opérationnels où sont appliquées des normes environnementales. Il y est attendu des personnels expérimentés qui maîtrisent tout à la fois un métier « classique » et une spécialisation environnementale". Ce verdissement des métiers traditionnels"avantage plutôt les cursus de formation continue s'adressant à des salariés expérimentés, acquis aux enjeux environnementaux des produits, des process ou des matériaux" et "relativise quelque peu le poids des filières initiales environnementales dans les recrutements des métiers « verts » ; surtout lorsque les jeunes n'ont jamais travaillé".

Efficacité énergétique et immobilier : les emplois de demain

"Le choix du secteur de l'énergie apparaît comme une piste sérieuse pour trouver un emploi, quelque soit le niveau de formation", souligne le CGDD. L'énergie est, et devrait, rester le principal recruteur de jeunes diplômés en environnement. Au moment où se conclut le débat national sur la transition énergétique, une idée fait consensus : l'efficacité énergétique, la sobriété et la rénovation thermique des bâtiments seront au cœur de cette transition.

En 2007, près de 1.300 étudiants sont arrivés sur le marché du travail après avoir suivi une formation dans ce domaine, que ce soit sur l'efficacité énergétique, la maîtrise de l'énergie, les énergies renouvelables, le génie énergétique et climatique, l'éco-construction, la construction bois, l'énergie-construction, l'électricité, le bilan carbone, la lutte contre les gaz à effet de serre… La plupart ont suivi soit un BTS soit une licence, notamment professionnelle. Plus de 89% ont trouvé un emploi dans les trois années qui ont suivi leur sortie d'études.

"L'efficacité énergétique est aujourd'hui un enjeu bien identifié par les entreprises. C'est une source importante de chiffre d'affaires pour toutes celles qui proposent des solutions permettant de diminuer, sous des formes diverses, les consommations énergétiques", indique le CGDD. Cette compétence sera donc recherchée à l'avenir. Les métiers de la construction ou le secteur de l'immobilier au sens large font partie de ceux "dont la transformation est la plus spectaculaire et requiert donc de nouvelles compétences. Toute compétence d'ingénieurs dans ce domaine semble actuellement très recherchée".

Pollutions, nuisances et risques : une manne d'emplois

Lutte contre les pollutions, gestion et traitement des déchets, des eaux usées, assainissement, écotechnologies et écoconception, chimie verte, mesure des expositions, écotoxicologie, prévention des risques… En 2010, plus de 80% des 1.300 jeunes diplômés d'une formation dans le domaine "Prévention et réduction des pollutions, nuisances et risques" de la Génération 2007 ont trouvé un emploi. Cette tendance devrait se poursuivre à l'avenir, note le CGDD. "Les nouvelles réglementations [Reach, Grenelle 2…], en matière de lutte contre les pollutions, entraînent progressivement les entreprises à devoir organiser, parfois rapidement, des filières de récupération et de traitement de leurs propres déchets. De même, elles ont désormais à prévenir les risques et la toxicité des produits manipulés dans les usines". Or, les entreprises ne disposent pas toujours de compétences en interne pour y répondre. "Les besoins sont vastes et pas toujours correctement identifiés par les entreprises. Ils semblent avoir vocation à se développer en même temps que la législation", conclut le CGDD.

HSSE : risk manager, un métier d'avenir

En 2007, moins de 400 diplômés affichaient des compétences en hygiène, santé, sécurité, environnement (HSSE). Mais, preuve de la forte demande de compétences dans les bio-services, l'hygiène, l'entretien, la propreté des locaux et les diagnostics qualité, sécurité, environnement (QSE), trois ans après, 83,9% des licenciés professionnels dans ce domaine avaient trouvé un emploi.

En 2013, observe le CGDD, les attentes des entreprises vis-à-vis de ces métiers sont liées à l'évolution des risques professionnels. Nouvelles réglementations sur les substances actives (Reach, biocides…), risques émergents (nanomatériaux, micropolluants…), jurisprudence sur des substances comme l'amiante obligent les entreprises à mieux appréhender le risque. "De plus en plus d'entreprises s'entourent de risk managers dont la mission consiste à identifier les risques et anticiper sur leurs conséquences. Les comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), au sein des entreprises, expriment également de nouvelles demandes, notamment de diagnostics et de certifications". Une demande qui devrait s'accroitre dans les prochaines années : "L'extrême variété des substances concernées rend le sujet complexe et évolutif. A titre d'illustration, le sujet des nanoparticules est aujourd'hui mal maîtrisé par les entreprises, en dehors de l'industrie chimique. Pourtant, le besoin n'est pas encore exprimé".

Aménagement du territoire : les collectivités embauchent

Travaux paysagers, aménagement paysager et urbain, territoires, tourisme et environnement, géographie et environnement... Sur les 2.600 diplômés dans ces domaines en 2007, nombreux sont ceux qui ont trouvé un emploi, même au niveau Bac+2 (86%).

"Dans le domaine de l'aménagement, la demande émane plus traditionnellement des collectivités locales et les besoins exprimés par les entreprises concernent probablement pour l'essentiel les enjeux liés à la ville durable". Les compétences recherchées concernent l'évaluation environnementale et la mise en œuvre de projets de développement territorial comme les éco-territoires, les éco-quartiers, les agendas 21 locaux, les circuits courts dans l'agriculture...

Avec la transition écologique et l'attribution de nouvelles compétences aux collectivités via la future loi de modernisation de l'action publique territoriale, celles-ci devraient avoir un besoin accru de compétences pour la planification, dans les domaines de l'urbanisme, des transports, de l'aménagement…

Biodiversité et gestion sociétale de l'environnement : des emplois à plus long terme ?

En revanche, les métiers de la protection de la nature et de la gestion des écosystèmes, plébiscités par les jeunes (3.000 diplômés en 2007) sont moins pourvoyeurs d'emplois, surtout pour les moins diplômés (Bac+2). "En 2013, en dehors des secteurs traditionnellement considérés comme potentiellement dangereux pour la biodiversité (chimie, pharmacie, extraction notamment), les entreprises sont encore peu familières de ces enjeux", estime le CGDD. "Néanmoins, l'offre de services permettant d'accompagner les entreprises tend à se développer à mesure que les grandes entreprises, toujours plus soucieuses d'enjeux de réputation, comme de traçabilité, demandent à leurs sous-traitants et fournisseurs de respecter des engagements spécifiques". L'enjeu "biodiversité" devrait être de mieux en mieux prix en compte dans la réglementation, tant nationale qu'européenne. Ces compétences devraient donc être recherchées dans le futur.

La gestion sociétale de l'environnement, qui recouvre les sciences humaines et sociales de l'environnement, l'économie et la sociologie de l'environnement, le droit de l'environnement, ouvre la voie aux jeunes diplômés mais plus difficilement. Ils accèdent moins rapidement à un emploi que dans les autres domaines et ces emplois semblent moins stables.

Aujourd'hui, "pour les secteurs considérés comme très polluants, les compétences, qui permettent d'identifier le cadre réglementaire et ses évolutions, ainsi que les sujets sur lesquels la réglementation pourrait se durcir, peuvent être recherchés. En revanche, pour les secteurs dont les impacts environnementaux sont plus indirects (secteur financier ou high-tech), ce type de besoins est encore très rarement exprimé", estime le CGDD.


Sophie Fabrégat