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5 Juillet 2011

Qualité de l'air: une facture salée pour les entreprises

Qui a dit que l'air pur était gratuit? Les entreprises installées en sol québécois devront débourser un demi-milliard de dollars pour se conformer au nouveau règlement sur la qualité de l'air, qui entre en vigueur aujourd'hui au Québec.

Si toutes les entreprises s'engagent à respecter ces nouvelles normes destinées à assainir l'air québécois, certaines ne cachent pas leur agacement devant cette réglementation qui a mijoté plus de cinq ans dans les bureaux des fonctionnaires avant de finalement voir le jour.

«Il s'est écoulé tellement de temps, il y a eu tellement de modifications à gauche et à droite qu'on arrive aujourd'hui avec quelque chose d'un peu chambranlant. Ce n'est pas un exemple de bonne réglementation», dit Carol Montreuil, porte-parole de l'Institut canadien des produits pétroliers.

Les pétrolières s'engagent tout de même à respecter toutes les normes en vigueur.

«Suncor est favorable à la réglementation. Nous sommes heureux de la voir dans une forme finale, ce qui nous aidera à planifier nos activités. Nous prévoyons nous y conformer sans défi majeur», a d'ailleurs dit à La Presse Affaires Michael Southern, porte-parole de la pétrolière Suncor.

Remplacement de vieux équipements, installation de détecteurs de pollution, nouveaux rapports à produire: le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs estime que 200 grandes entreprises et 4500 PME seront touchées par les nouvelles règles plus strictes sur les polluants et les particules.

«Les coûts associés au RAA (le règlement sur l'assainissement de l'atmosphère) sont importants», admet le Ministère, qui les évalue à entre 400 et 600 millions de dollars sur 10 ans.

«Le nombre de contaminants réglementés passe d'une dizaine à environ 90, note Isabelle Blouin, avocate en droit de l'environnement chez McCarthy Tétrault. C'est un bond important qui vient vraiment élargir le nombre d'entreprises visées par les normes d'air ambiant.»

Chez Cascades, au moins trois chaudières à biomasse, des machines qui brûlent des résidus de bois pour produire de la vapeur, devront être modifiées parce qu'elles émettent trop de particules dans l'air. La facture s'élèvera à «plusieurs millions de dollars».

«On ne voit pas ça d'un mauvais oeil. On travaille à améliorer notre bilan environnemental et ça s'inscrit là-dedans», commente Hubert Bolduc, directeur des communications de Cascades.

Même si le règlement entre en vigueur aujourd'hui, Québec offre divers délais à plusieurs secteurs industriels pour s'adapter. C'est le cas de l'industrie forestière, qui devra débourser en tout 145 millions pour se conformer au règlement, selon les évaluations du gouvernement.

«La faible rentabilité de l'industrie au cours des dernières années rend précaire la situation financière de plusieurs entreprises du secteur», écrit Québec pour justifier le délai de cinq ans accordé aux forestières.

Les alumineries font aussi l'objet d'une pléiade de nouvelles normes, mais elles devraient éviter le gros des factures. C'est que la pollution qu'elles génèrent provient surtout des vieilles cuves Soderberg, qui disparaissent de la circulation de façon naturelle.

Il en va tout autrement chez ArcelorMittal Mines Canada, dont l'usine de concentré de fer de Port-Cartier émet trop de particules dans l'air. Québec estime qu'elle devra investir «plusieurs dizaines de millions de dollars» pour se conformer aux nouvelles normes.

«On a fait valoir au gouvernement quel était notre point de vue là-dessus, mais c'est bien clair qu'on va se conformer aux normes et aux exigences, quelles qu'elles soient - même si ça nécessite des investissements et des coûts récurrents», a dit Éric Tétrault, directeur des communications de l'entreprise.

Québec estime que la moitié de la vingtaine de fonderies de fonte ou d'acier en service au Québec devront installer des systèmes de ventilation et d'épuration, pour des investissements moyens de 500 000$. Clean Harbors, qui exploite un incinérateur de matières dangereuses, et l'usine de panneaux de bois Uniboard de Val-d'Or sont parmi les entreprises mentionnées par Québec qui devront aussi faire des investissements importants.

Notons que les nouvelles règles s'appliqueront à toutes les entreprises québécoises sauf celles de Montréal, qui sont régies par une réglementation municipale. Un travail d'harmonisation des normes est toutefois en cours.

 

Source : http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/economie/quebec/201106/30/01-4413842-qualite-de-lair-une-facture-salee-pour-les-entreprises.php