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28 Juin 2012

Le tutorat en entreprise sous toutes ses formes

 Publié le 11/06/2012

Courant mai 2012, la Délégation formation et compétences de la CCI de Paris (DFC-CCIP) organisait une matinée d'information autour du tutorat. L'occasion de (re)découvrir un dispositif varié et aux intérêts multiples.

« Tuteur, maître d'apprentissage, maître de stage, compagnonnage, mentorat, parrainage... Le tutorat est protéiforme, commence Fabienne Eppstein, chef de projet à la DFC-CCIP. Le tutorat est un ensemble de moyens humains mobilisés par l'entreprise pour favoriser l'intégration, le transfert de savoir-faire, le tour de main... » En entreprise, il existe finalement autant de façons de l'aborder qu'il en existe de formes.
A la Banque de France, le tutorat a commencé à être formalisé avec la mise en œuvre de la formation à distance. « Nous n'envisagions pas ce type de formation sans l'existence d'un tuteur », confie Marie-Christine Soibinet, responsable formation à la Banque de France. Mais le tutorat s'est depuis également invité dans les périodes de professionnalisation pour les cadres en reconversion et lors des promotions internes de cadres. A l'Atelier des giboulées, agence de création graphique et de conseil, « nous avons commencé avec un alternant sur la partie administrative », témoigne sa directrice, Barbaraz Wulfken. Une expérience positive qui l'amène aujourd'hui à élargir l'alternance sur la partie création. Chez Gefco, « lorsque nous avons décidé que cette option RH faisait partie d'une note d'opération stratégique, le tutorat a démarré », explique Thierry Mariette, responsable formation.


Choisir ses tuteurs


En matière de sélection des tuteurs, le choix des possibles est également vaste. A la Banque de France, sur le tutorat "classique", le tuteur est d'office le responsable de service. « Mais sur le e-tutorat, nous lançons un appel d'offres avec des qualités attendues de formateur, précise Marie-Christine Soibinet. Et pour les cadres en reconversion, il s'agit nécessairement d'une personne du service qui n'a aucun lien hiérarchique avec le tutoré et qui est volontaire. » Chez Gefco, le tuteur est désigné par une équipe de managers. « Nous distinguons le tuteur hiérarchique qui figure sur le contrat du tuteur opérationnel, ajoute Thierry Mariette. Parfois, nous changeons de tuteur, lors d'un changement de cycle ou d'année de formation du tutoré. » Une façon aussi de régler les conflits potentiels entre tuteur et tutoré. Des conflits qui peuvent porter sur l'absentéisme, par exemple. Une situation qui rappelle aussi l'importance de former ces tuteurs. Un acte de développement pour le tuteur, mais également de reconnaissance.


Quid de la reconnaissance ?


La reconnaissance peut d'ailleurs prendre plusieurs formes. D'abord la formation. Sur ce point, il existe par exemple un certificat de compétences en entreprise de tuteur, délivré par un organisme certificateur et déployé au niveau national par le réseau des CCI.
« Chez nous, certains tuteurs sont devenu professeurs, avec une présence au comité d'orientation des écoles avec lesquelles nous travaillons, ils font partie des jurys d'examen, note Thierry Mariette. C'est également la possibilité d'accéder à des diplômes par la Validation des acquis de l'expérience (VAE). Cette activité est aussi prise en compte dans l'entretien annuel et permet de constituer des viviers de cadres et managers internes. » A la Banque de France, le tutorat sera intégré dans leur futur dispositif de progression interne. Si une prime peut être versée, la plupart des intervenants y son plutôt opposés, préférant souligner l'intérêt en matière de progression de carrière et de réalisation personnelle. Une intervenante de la CCIP résume : « Pour reconnaître un tuteur, il faut donner du sens, organiser le tutorat en interne et recourir à des éléments de reconnaissance comme la formation, un prime, la valorisation des compétences, la décharge horaire, la participation à un réseau d'échanges de pratiques, une communauté de tuteurs, etc. »


Une vraie valeur ajoutée


Et l'intérêt pour l'entreprise dans tout ça ? Lui aussi il est multiple. « Pour nous, il s'agit aussi d'une question d'attractivité, pour faire connaître notre activité et recruter des hautes potentiels », remarque Marie-Christine Soibinet. Surtout, « l'alternance crée de la diversité en termes de sourcing et d'écoles », rappelle Thierry Mariette. Il ajoute : « Nous recrutons en alternance des profils que nous n'aurions peut-être pas osé recruter en CDI, surtout en période de crise où la prise de risque est minime. Avec l'alternance, on s'ouvre, on ose et on sait que l'on pourra ensuite intégrer ces profils sans problème si nous souhaitons les recruter. »
D'autres fois, l'alternance permet aussi de répondre à la disparition de métiers. C'est le cas de l'Opéra de Paris qui, via l'alternance, a su conserver des savoir-faire qui ne sont plus enseignés dans les écoles. On voit ainsi des écoles reprendre l'enseignement de savoir-faire abandonnés, car ces derniers sont toujours présents dans des entreprises.


Brice Ancelin

Source: http://www.focusrh.com/formations/gpec/a-la-une/le-tutorat-en-entreprise-sous-toutes-ses-formes.html