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6 Novembre 2012

Babyboomers, X, Y et maintenant Génération C ?


Publié le 23/10/2012

La Belle Province, le Québec, a toujours exporté des appellations évocatrices en apparence désuètes mais très souvent justes. Après le mentorat, la rétroaction, nos chers amis québécois évoquent la nouvelle génération des 12 à 24 ans et disent que ces jeunes clavardent !


J'interviens à l'APM (Association pour le Progrès du Management, association de développement de l'entreprise par celui de son manager ; plus de 5500 chefs d'entreprises en Europe) depuis 2001, comme expert de l'évolution des sociologies des salariés. J'ai expliqué à des babyboomers (nés entre 1945 et 1965) les nouvelles postures des X (nés entre 1965 et 1980), puis plus récemment des Y (nés entre 1980 et 1995). Il y a quelques jours, des chefs d'entreprises m'ont interpellé sur la Génération C en voulant en savoir plus.
Le concept du CEFRIO (Centre facilitant la recherche et l'innovation dans les organisations) s'intéresse aux 21-24 ans qu'il décrit comme la génération des 4 C : Communication, Collaboration, Connexion, Créativité.


Connexion et Communication


Les C sont les hérauts des TIC (Technologies de l'information et de la communication) qu'ils pratiquent de façon naturelle et spontanée et qu'ils s'approprient en un temps record lorsque l'entreprise les met à leur disposition. Les outils s'apparentent à un langage, dont ils ont assimilé les codes et les caractéristiques et qu'ils désirent utiliser pour s'exprimer et échanger. L'entreprise ne doit pas s'investir dans l'accoutumance à ce nouveau langage, car il sera de plus en plus inné et deviendra atavique, comme le statut social et le sentiment d'appartenance pour les babyboomers.
Elle doit se préoccuper du sens donné à ce langage et de sa transversalité avec des générations qui ne le pratiquent pas. Les C n'existent pas que par les TIC et ils n'existent pas s'il n'y pas de cadre de référence, de valeurs, de vision, d'engagement réciproque, d'autorité de compétences. La question cruciale est de travailler l'efficience dans le langage ou, du moins, l'efficience des autres générations.
La connexion sera de plus en plus acquise et génétique ce qui ne veut pas dire que la communication en résultera sans travail, partage, collaboration et effort.


Créativité et Co-construction


Les jeunes de 12-24 ans sont créatifs, innovants, énergiques et énergisants. Ils surprennent les babyboomers habitués à de la retenue, de la folie qui se raisonne, à de l'autorégulation comme mode de pensée. Ils désespèrent les X qui ont les fondamentaux des babyboomers sans l'usufruit qui va avec, mais vivent les difficultés des Y sans la prédisposition qui accompagne ces derniers.
Ils sont créatifs comme ils sont connectés au sens d'une identité originelle, ce qui ne signifie pas que la créativité se transforme à tous les coups en production, engagement, performance, satisfaction.
L'un des modes clés du management des C sera la co-construction. Il s'agira pour l'entreprise de vouloir se réinventer ou, plus simplement, d'accroître son agilité. La co-construction porte sur les processus, les fonctionnements et associe des personnes de toutes générations dans une logique de réciprocité, d'apport matériel et d'intégration respectueuse dans les référentiels de l'autre.
La co-construction est initiée par le dirigeant qui, pour être exemplaire, doit lui-même se réinventer. Elle est légitimée par un cadre de référence connu et nécessite qu'une nouvelle réciprocité prenne forme.


En conclusion et au-delà des stigmatisations qui réduisent la compréhension, notre monde va réellement changer et nous devons, pour durer, rebondir sur ce qu'apportent les jeunes pour que les racines symbolisées par les anciens génèrent la moisson de demain.


A propos de l'auteur :
Jean-Claude Ancelet dirige le cabinet ADEIOS Consulting (www.adeios.fr), spécialisé dans les relations sociales, le management et la sociologie, l'emploi et ses perspectives dans l'entreprise. Expert des nouvelles sociologies en France et en Europe, il anime conférences et séminaires sur la Génération Y, les réseaux sociaux et les collectifs de travail. Il a écrit en 2011 un livre publié aux éditions DUNOD « Restaurez les collectifs de travail ».